Motorola, Nokia et Panasonic épinglés pour non-paiement de la copie privée
Juridique - Smartphones et ordinateurs sont assujettis à cette redevance mais les trois fabricants ont "oublié" de sortir le chéquier. Ils écopent d'une amende : 450 000 euros pour Packard Bell et 2 millions pour Nokia.
Nouveau coup de chaud autour de la redevance pour financer la copie privée. Cette fois, le problème ne vient pas de la contestation de cette taxe qui alimente régulièrement la polémique, mais de certains industriels épinglés pour ne pas avoir versé leurs contributions en temps et en heure.
Selon Les Echos de ce mardi, Nokia et Packard Bell ont été condamnés par les tribunaux pour ne pas avoir payé cette redevance entre janvier et août dernier. Le premier écope de 2 millions d'euros d'amende et le second devra verser 450 000 euros. Motorola serait également au centre d'une procédure.
Rappelons que les rémunérations pour le droit à la copie privée sont appliquées aux mémoires Flash, aux supports optiques CD et DVD, aux clés USB, aux disques durs externes et multimédias, aux baladeurs numériques, et aux smartphones et autres mobiles dotés d'une fonction baladeur.
Plus de 160 millions d'euros par an
Elles doivent compenser le droit à la copie privée qui autorise le propriétaire d'une oeuvre à en faire une copie pour un usage familial, elles financent également les projets culturels. C'est une source de revenus substantielle pour les artistes (plus de 160 millions d'euros par an).
Pour autant, cette taxe est contestée de toute part. Par les consommateurs d'abord qui, s'ils tiennent farouchement à ce droit, estiment qu'il est aujourd'hui limité par les dispositifs légaux ou techniques (DRM) encadrant les oeuvres enregistrées.
La taxe est également combattue par de nombreux industriels, de plus en plus hostiles à intégrer dans le prix de leurs produits ces barèmes de rémunération. Ces fabricants multiplient aujourd'hui les plaintes au niveau européen, estimant que le paiement de la rémunération est contraire à la libre circulation des biens et des services.
Les acteurs du secteur se plaignent également du fonctionnement de laCommission d'Albis qui fixe les barèmes de cette taxe. L'association de consommateurs UFC Que Choisir, opposant historique à cette taxe, n'en fait d'ailleurs plus partie.
Rappelons que fin 2008, la Commission s'est réunie pour réviser les barèmes en vigueur. Mise en demeure par le Conseil d'Etat en juillet dernier de modifier leur mode de calcul afin d'en exclure la part estimée due au piratage, celle-ci s'est donc exécutée... tout en relevant d'autres paramètres afin d'obtenir, au final, les mêmes montants par support.
Enfin, le manque d'harmonisation européen dans ce domaine favorise les achats hors de France. Les consommateurs qui achètent leurs supports de stockage ou leurs baladeurs sur des sites Internet localisés à l'étranger (et donc exempt du paiement de la taxe) sont de plus en plus nombreux et l'économie est parfois importante.
En "oubliant" de payer leurs redevances, Motorola, Nokia et Panasonic ont-ils voulu remettre le sujet "à la une" et alimenter à nouveau le débat ?